29 ans. 29 années passées sans pouvoir réellement vivre. Sans pouvoir précisément me sentir moi, sans pouvoir m'autoriser à être.

Plus jeune, c'est-à-dire avant cet âge asymptotique à la trentaine, je me figurais devoir respecter mes aîné•es1.

Je pensais idiotement leur devoir quelque chose2. Et c'est ainsi que je me suis retrouvée entourée de personnes normatives qui ont passé une partie de ma jeune vie à me mettre en tête de belles inepties. Oh je ne leur en veux pas le moins du monde, c'est ainsi, puis je pense qu'aucune ne pensait à mal.

Et puis, pourquoi leur en vouloir ? Au final pour que le courant passe il faut bien un émetteur et un récepteur, or, j'ai bel et bien reçu, traîté et enregistré ces inepties. Eh bien aujourd'hui, je les regarde avec un autre regard, c'est tout simple.

Cependant, j'ai quelque doute quant au fait que ces personnes eussent toujours nourri à mon égar de bonnes intentions.

Mais au lieu d'en retirer de la rancœur futile, je constate et je déduis. Je constate simplement, par exemple, que nous sommes un certain nombre de trentenaires à devoir payer de notre temps, un peu foiré, ce que nos aîné•es n'ont pas voulu payer en séances de psy. Mais c'est un constat, il serait stérile de m'en plaindre, d'une part parce que je ne suis visiblement pas la seule trentenaire dans ce cas, et d'autre part, ce qui est fait est fait. Je remercie quand même la providence de m'avoir donné de la force pour faire face.

Je disais donc qu'après 29 ans, je m'autorise à être, et cet espace est mien, je ne sais pas qui le trouvera ni même si je le partagerai un jour directement à une autre personne (genre « tiens, tu veux lire mon blog ? » cela me semble un peu ridicule, mais soit). Sera-t-il seulement connu de personnes qui passeront ici à l'improviste, par hasard ? Ou finalement est-ce que moi-seule ne le connaîtra jamais ? Si tant est que l'on puisse dire que je le connaisse réellement puisque ici, c'est surtout pour apprendre à faire glisser des mots, certainement mal écrits, pour en découvrir plus sur Thea, pour moi.

Tout cela sonne un peu égocentré non ? Pour une femme qui prône l'egoless 3 ça prête à rire, mais d'une part, ce n'est pas tellement cela en fait, et d'autre part, je m'en frappe. Si ça aide, ça aide, sinon, y'a un bouton en forme de x en haut de l'onglet.


  1. Oui, j'écris en inclusif, oui j'emploie un style lourd, oui je fais des erreurs d'écriture, si cela te déplait, tu peux fermer la page, parce que je ne changerai pas. C'est comme ça et pas autrement, j'écris comme je veux, si c'est mal écrit pour toi, ce n'est pas mon problème. Ici je parle de mon vécu de ce que j'ai ressenti, ton avis, je n'en ai absolument rien à fiche. 

  2. Au final, une sorte de soumission, comme si ces personnes m'apportaient leur sagesse, leur savoir immense. Comme si ces personnes me rendaient intelligente. Comme si ces personnes voulaient mon bien. Je me rends compte que c'était bien égocentrique de ma part de penser ainsi. 

  3. Je l'emploie surtout dans le sens egoless programming c'est une manière d'approcher son travail et ce qu'on produit épuré d'ego, histoire d'avoir un rapport plus sain envers son environmment et ses collègues dans le but d'améliorer son confort de vie (et le leur) et cela améliore aussi le produit, cf. https://blog.codinghorror.com/the-ten-commandments-of-egoless-programming/