Écrire est un exutoire pour moi, c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles je m'y suis remise, parce que quand ça ne va pas, je me réfugie dans ce qui est un cocon rassurant pour moi. Lire, écrire, faire des choses manuelles, être seule (même si c'est aussi un des facteurs aggravant mon état), ou tout autre activité qui me vide l'esprit de ses nefastes pensées.
Écrire fixe certaines choses tout en permettant un temps d'aider un moral de plus en plus vacillant, puis sur le blog, je peux au moins partager et vous tenir au courant de ce que ça signifie pour les contenus, le stream, les réseaux, etc. Non pas que ce soit un devoir ou que vous attendiez quoique ce soit de ce côté, mais au moins si ça permet aussi de comprendre et voir dans votre entourage ou vous-mêmes des signes d'une dépression et/ou d'une anxiété, ce serait déjà pas rien.
1. La dépression
Bon je vais uniquement parler de mon point de vue, gardez à l'esprit que je ne suis pas médecine, et que ce que je traverse n'est que mon expérience, de mon point de vue, et qu'elle est loin d'être exhaustive. Si vous suspectez une dépression chez vous ou chez un·e de vos proches, c'est mieux de voir l'avis de personnes dont c'est le métier (même si je reviendrai sur elleux plus tard, parce que j'ai aussi des choses à dire).
Mais surtout, entourez-vous.
Heureusement que je n'ai pas à affronter ça toute seule, je n'en parle pas énormément non plus, et j'ai encore du mal à le mettre sous forme de mots (là actuellement je fais un gros effort pour en parler par exemple) tout ça à cause de la représentation de la dépression, partielle et imparfaite, pleine de préjugés, qui, même quand on le sait, nuit à son diagnostic. Alors juste, à un moment, merde.
Ici, en France, on parle de dépression quand l'humeur dépressive dure plus de deux semaines, me concernant, je peux remonter à 5-6 mois, même si c'est allé crescendo, avec des moments sans et des moments avec… ce qui brouille tout d'ailleurs, ça induit une forme de syndrome d'imposture. Ce syndrome que je connais déjà si bien et qui a maintes fois infusé dans toute ma vie. Je n'ai pas eu besoin des gatekeepers pour me dire que je ne suis pas une bonne développeuse, je n'ai pas eu besoin des musiciens plein d'égo pour me dire que j'étais une mauvaise guitariste, je n'ai pas eu besoin des terfs pour me dire… bref, ce syndrome et moi, on se connaît bien. Pourquoi ne serait-il pas venu aussi sur ce terrain-là ?
Chez moi, cela a impacté mon sommeil, mon appétit, mes sentiments, mes émotions, la vision de moi, de mon corps, mes relations sociales, mais cela peut impacter plus, le professionnel, l'activité physique, la sexualité, etc. En somme plein de choses du quotidien, ça dépend de nous, de la durée, de quand on s'en rend compte aussi. Et d'ailleurs tout ceci est impacté et vient impacter en retour.
Oui, passer plus de 6 mois, voire plus, à en moyenne dormir moins de 5h30 par nuit, c'est non seulement un symptome mais aussi un facteur aggravant. Manger moins ou différemment impacte l'humeur, l'activité physique, la vision de son corps, etc. Je me répette, mais c'est important.
Et surtout, surtout, ce n'est pas linéaire, ce n'est pas continu. Il n'y a pas nécessairement une cause bien définie, parfois il n'y en a même juste pas. On a tendance à vouloir une cause exceptionnelle, traumatique, mais parfois, cela vient comme ça. J'ai mentionné des impacts aggravants, mais il peut aussi y avoir des facteurs aggravants externes, en tant que femme trans sous THS je vais aussi en parler.
Dans mon cas, et j'insiste sur le fait que ce soit mon cas, j'ai aussi eu une forte augmentation en parallèle de mes taux hormonaux, cela peut arriver, que ce soit décidé ou non, quand on suit un THS. Et je vais éclaircir certains points :
- Ce n'est pas LA CAUSE
- Ce n'est pas LE SEUL ÉLÉMENT aggravant
- Ça NE DIT RIEN sur la transidentité
Juste, c'est à prendre en compte parce qu'un changement hormonal est un des éléments qui peut aggraver, mais déjà en tant que femme on a mille autres raisons et facteurs aggravants de notre santé mentale (Selon l'OMS, La dépression est 50 % plus courante chez les femmes que chez les hommes) et en tant que personnes trans, on en a d'autres qui viennent s'ajouter ou se multiplier.
Je profite d'un moment clair pour vous dire que les pensées qui nous traversent dans les moments dépressifs ou anxiogènes ne sont que des pensées, elles sont temporaires, elles ne nous définissent pas et elles ne resteront pas.
Par chance je ne bois pas ni ne consomme de substances psychoactives, mais je vous conseille de ne pas en consommer pendant les moments difficiles, parce que ce sont des dépresseurs, et aussi, en phase rationnelle, si tu peux, vires de ton accès tout ce qui peut te blesser quand tu n'es plus en rationnalité.
2. L'Entourage relationnel et médical
Il n'y a aucune honte à avoir, aucune gêne à admettre et à se reposer sur des ami·es de confiance et qui comprennent ce qu'il se passe ou font de leur mieux pour nous aider. J'ai eu la chance d'avoir des proches, qui ont vu que quelque chose change, et qui se sont montré·es disponibles, qui ont changé leur emploi du temps pour moi. Et je n'oublie pas non plus les dm que j'ai pu recevoir. Tout ça, même quand on n'a pas la force de toujours répondre, ça aide énormément.
Concernant l'entourage médical, ça a été plus compliqué, je suis passée par plusieurs personnes, mon généraliste qui n'avait pas de dispos avant 3 mois, puis quand j'ai cherché une autre personne généraliste, aucune disponibilité dans ma ville ni ma région. Se rendre compte que la région parisienne est un véritable désert médical, alors qu'on en a besoin, ça rajoute au moral. Je n'avais pas la force d'aller dans un autre département, ni le temps malheureusement, du coup je me suis retrouvée à devoir prendre des visios, avec des psychiatres qui soit étaient sur leur smartphone pendant la consultation, m'écoutant à peine, soit mettaient leur vocal en pause pour parler à leur conjoint·es. J'essaie de ne pas les blâmer, car on a toustes une vie difficile en ce moment, mais ça épuise de ne pas se sentir écoutée. Ça épuise que, lorsqu'iels écoutent, c'est pour conclure que forcément, le problème vient de mon identité de genre, et c'est tout. Voire quand on ne termine pas le rendez-vous par un laconique « faites du sport, madame » ou « utilisez vos jours de congés, hein, aller ». On m'a même conseillé un sophrologue pour faire de la respiration profonde. Ahah, super.
Tout ça sous les conseils de ma psychologue, qui a été assez présente pour me pousser à continuer mes efforts malgré tout, parce qu'elle n'a pas les moyens de m'aider au delà de ses séances. Mais, à un moment, mon corps a lâché, il a décidé à ma place. C'est la deuxième fois. En fait, tout te pousse dans tes derniers retranchements. L'impression d'aucune écoute, un monde débordé qui passe au-dessus des symptomes s'ils ne sont pas explicites ou sensationnels.
Enfin, même une fois prise en charge, tu es certes aidée, mais cela reste une personne qui a peu de disponibilités. Donc t'es pas seule au moins, mais tu te débrouilles un peu quand même (du coup, si jamais, j'envisage des études de médecine hein, ça sera plus simple pour m'autosoigner à ce compte-là, si tu veux m'aider à me financer mes études, c'est en fin d'article, non je plaisante, évidemment).
Bref.
J'écris pas pour seulement me plaindre, mais pour partager des faits. Surtout si ça aide, et aussi parce qu'ici, c'est aussi chez-moi, et j'ai aussi le droit d'écrire quand j'ai besoin de relâcher ma soupape.
Bref. Je suis en dépression. Et j'ai mis beaucoup trop de temps à m'en rendre compte et encore plus à prendre soin de mon corps et de mon esprit.
3. Les contenus, les streams, tout ça, tout ça
Concernant les contenus, le stream et les réseaux, j'ai pris de la distance. Il a fallu trancher beaucoup de choses, avant que j'y laisse encore plus de ma santé, mais je vais arrêter les streams au moins jusqu'en janvier 2025, si ce n'est plus, pareil les réseaux seront beaucoup plus concentrés sur l'essentiel, à savoir partager quand je publie un article, et c'est tout.
Comme précisé en début d'article, je vais continuer les rédactions, car c'est important pour moi, et que ça m'aide, que ça me permet d'avancer, mais ce sera toujours à mon rythme. Puis ça n'a pas cette immédiateté des réseaux ou des lives, chose que je n'ai actuellement plus la force de gérer.
Pour les autres contenus, je vais reprendre petit à petit, mais tout en limitant les intéractions directes, j'essaie de réduire tout ce qui me cause du stress, même si je suis certaine que vous êtes super, je suis épuisée et je dois me protéger.
Et c'est une des choses qui sont difficiles parce que l'envie est bien présente, entre ça et d'autres portes que j'ai eu à fermer récemment, sinon j'y laissais ma santé.
Prenez vraiment profondément soin de vous.