Cet article ne sera pas nécessairement le plus long, mais il est l'un des plus importants que j'ai écrits jusqu'à présent.

Hier, nous étions le 10 octobre 2023, je suis partie de chez moi tôt le matin, parce que j'étais convoquée au tribunal judiciaire de Bobigny.

Mon état depuis la veille : j'étais stressée, j'avais peur, je ne savais pas à quoi m'attendre. J'avais peur de ne pas être entendue, de ne pas être respectée.

J'avais pris la décision d'y aller seule, décision que je regrettais, mais je ne voulais pas déranger. Je sais, c'est ridicule, mais c'est ainsi, je le ressentais comme ça. Et puis, j'avais un pari à gagner avec moi-même.

Le matin-même, me sentant trop mal pour m'y rendre en voiture, et vu que je ne voulais pas prendre de risques d'arriver tardivement en transports, j'ai décidé de prendre un Uber. J'ai eu la chance d'avoir un chauffeur très sympa1.

Arrivée au tribunal, je me suis dirigée vers l'accueil, où j'ai été reçue par une personne extrêmenent aimable et avenante qui m'a indiquée où aller.

Le bâtiment est grand, et son architecture morne contrastait assez avec la gentillesse de l'accueil, mais bon, on va dire tant mieux quand c'est dans ce sens-ci.

Heureusement que l'indication était claire, parce que je me serais perdue sinon. J'ai fini par arriver dans une salle d'attente, celle qui m'avait été indiquée. Et j'ai attendu mon tour avec d'autres personnes. D'ailleurs, j'étais tellement stressée qu'à part un pauvre bonjour, je n'ai pas réussi à dire grand chose. Mais merci de m'avoir souhaité bonne chance, ça m'a fait du bien (si jamais par le hasard le plus hasardeux, vous lisez ces lignes).

J'ai été appelée, et je suis entrée dans le bureau pour l'audience.

À l'intérieur, 5 personnes en robes de magistrat assises à un bureau, un jeune homme, installé derrière la greffière, l'homme qui m'avait faite entrer2, et moi, seule, en face.

J'ai été invitée à m'asseoir, et on m'a rappelée la raison de la convocation. J'ai confirmé que c'était bien moi, et j'ai répondu à quelques questions.

Aucune question n'était déplacée, aucune question n'était dérangeante. Bon le stagiaire a eu un peu de mal à me genrer car il était plus plongé dans la lecture de mon dossier que sur mon visage, mais je ne lui en veux pas, c'est plus une erreur d'étourderie qu'autre chose.

Pour le reste des magistrates présentes, un seul était un homme, je ne savais pas vraiment qui était qui, donc je ne pouvais que supposer qu'il s'agissait du juge des affaires familiales. J'ai reconnu la greffière, mais pendant la séance, j'igorais quel était le rôle des trois autres magistrates présentes. Toutefois, toutes étaient souriantes, et les questions montraient une réelle lecture de mon dossier.

Les questions étaient du genre « pourquoi Thea Maeva ? », « pourquoi la procédure en une seule fois ? », « quel est votre métier aujourd'hui ? » et c'est vraiment tout, pas de questions sur ma vie privée, pas de questions sur ma transition, rien concernant le médical (et c'est tant mieux).

Mais pour le reste de ce que j'avais à exposer, j'ai pu, via l'échange que j'ai eu, ressentir que mon dossier avait été lu et considéré. Et ça, c'est vraiment important pour moi.

Et au terme de quelque chose comme 15 minutes, une des magistrates, que j'ai alors compris être la Procureure de la République, a pris la parole pour me dire que ma demande avait reçu un avis favorable, et que le jugement serait rendu et effectif dans un mois.

Le 10 octobre 2023 à 10h35, l'audience était terminée, et quatre magistrates et un magistrat de l'État reconnaissaient officiellement que j'étais une femme.

Merci 💞


  1. Ce qui n'est pas toujours le cas, malheureusement. 

  2. Et que, pendant l'attente, en observant, j'avais compris être un stagiaire dont le dévouement était apprécié de la greffière. J'aime bien observer les gens, et j'aime énormément les petites marques de gentillesse ordinaires qui sortent parfois comme ça de mes observations.