Marseille, hôtel Mercure du Centre Vieux Port, dimanche 27 août 2023, 9h30.
Une personne de l'équipe de ménage des chambres a ouvert ma porte alors que je n'étais pas encore habilée, par chance, elle n'a pas pu me voir et le son de ma voix surprise et gênée l'a décidée à refermer la porte aussitôt.
La veille, avec une amie nous nous étions faites analyser de haut en bas par un homme qui a ensuite jugé bon de nous aborder alors que nous étions en pleine discussion sur Faun1.
Toujours un peu gênée de cette inconvenante aventure, et l'heure de rendre les cartes de la chambre approchant, j'entrepris de terminer ma douche en repensant à ces deux événements.
Ils ne sont pas identiques, loin de là, mais les deux impliquaient une chose m'appartenant, une chose sur laquelle je n'ai finalement jamais eu tant de prise jusqu'à récemment en fait.
Cette chose, c'est mon corps, et les deux événements, sont en fait deux facettes de sa perception, interne, comment je me perçois, avec mes hontes, mes complexes, et mes traumas, et externe, comment les autres le perçoivent et se permettent de se l'approprier, le temps d'un commentaire... ou pire.
Sortie de la douche, je fus frappée par cette réflexion quand je me suis regardée devant la glace, en sous-vêtements.
Sans réfléchir, J'ai juste vu une femme que j'ai trouvée canon, elle n'a pas une peau lisse ni parfaitement imberbe, elle a des seins plats, de la cellulite sur les fesses et des boutons sur les jambes, mais je m'en fiche. Cette femme, c'est moi, et je suis canon, avec mes yeux marrons et mon nez qui me complexe.
En fait, je commence à passer les 9 mois, donc 3 mois de plus par rapport à notre précédent article sur les 6 mois. 3 mois à passer une nouvelle étape, celle de la repossession de mon corps. Corps dont on m'avait plusieurs fois totalement dépossédée étant plus jeune, évidemment sans me demander mon avis.
Ces 3 mois ont été difficiles, je ne vais pas le cacher. Toutefois, cet épisode semble se conclure sur une ouverture qui est bien plus douce qu'amère, je suis maintenant dans une phase d'acceptation, de plaisir même, je découvre peu à peu un corps qui est mien, un alignement entre corps et pensée, grâce aux personnes qui apportent énormément de bonheur autour de moi.
Cela converge également avec la trentaine, me semble-t-il, les personnes qui m'entourent ne sont plus les mêmes, on ne construit pas les relations de la même manière. La vingtaine et sa frayeur de ne pas plaire à ses « ami•es », laisse place à l'envie de trouver des personnes qui nous correspondent, et on finit par montrer facilement la porte aux personnes auxquelles on ne plaît pas, pour pouvoir l'ouvrir à celleux qui nous acceptent.
Petite anecdote ironie, après mon départ de l'hôtel, à la gare Saint-Charles, j'allais croiser un autre qui ne tarderait pas à y aller de son commentaire sur mon physique, encore un de plus, je note cependant l'usage du terme « princesse », cela change quelque peu des autres commentaires moins fleuris.
Et pour être précise, non, ne faîtes pas ça, « princesse », « beauté », « poupée »... En fait, je n'ai pas besoin de vous pour savoir si je suis attirante ou non. Je me débrouille très bien toute seule, je n'en ai pas eu besoin avant, quand je ne correspondais à aucun critère du beauty privilege, je n'en ai pas plus besoin aujourd'hui, maintenant que vous me découvrez des qualités psysiques qui vous intéressent. C'est mon corps et comment je m'y sens qui m'intéresse.
Et pour celles qui sont sensibles et s'intéressent à la totalité de ma personne, alors euh déjà « uwu », puis ensuite, vous n'êtes tellement pas prêtes pour la suite 😘.
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On n'interrompt pas une discussion sur Faun. ↩