Quelques semaines se furent écoulées depuis que Maeva avait refait surface. Les deux jeunes femmes avaient pu doucement, comme une onde qui se déplace sur un lac, rétablir un équilibre dans leur coquille. La présence de Maeva avait apporté une odeur de lavande fraîche et d'herbe coupée, humidifiée par la rosée.

Bien que son quotidien devenait peu à peu plus clair, Laetitia avait encore quelques profondeurs de doutes, mais elle n'était plus seule à les affronter. Entendre simplement fredonner pendant qu'elle préparait un repas improvisé, lui permettait déjà de sonder son cœur et de se dire que tout n'était pas perdu.

Maeva avait cette capacité d'apaisement sur elle. La jeune brune était dingue de cette reine du calme. C'était le bruissement doux des vagues sur une plage, un bonheur et une douceur agréables. Des semaines délicieuses, un petit moment suspendu dans le temps. Juste un moment suspendu dans une bulle de tranquillité.

Et vint un vendredi soir.

Il devait être une ou deux heures du matin. Laetitia s'était endormie sur le canapé, un plaid qui la recouvrait et une tasse d'infusion que lui avait préparée Maeva sur la table basse qui avait fini de fûmer depuis déjà un moment. Elle aurait pu terminer la nuit ici, mais un petit frémissement dans l'air la réveilla progressivement. Ne sachant pas vraiment où elle était, d'autant plus dans l'obscurité, elle prit une petite éternité pour se remettre les idées en place et comprendre ce qui l'entourait, dans quelle pièce et pourquoi elle était là. Elle aurait pu se rendormir si sa gorge sèche ne lui avait pas intimé de se lever pour aller boire un verre d'eau.

La tasse en main, prête à être lavée, c'est Laetitia, après tout, elle se dirigea vers la cuisine. La lumière du frigo fut sans pitié pour la jeune brune, qui tituba un instant, vacillant entre le sommeil et la réalité. Elle se ressaisit.

Non mais andouille, c'est d'eau dont tu as besoin.

Demi-tour, elle s'orienta vers l'évier, prit un verre au-dessus, et ouvrit le robinet un instant dans le vide avant de mettre son verre dessous. Pas d'eau du robinet directement, faut laisser couler un peu avant. Une respiration plus tard après l'apnée de la déglutition et elle entreprit de rejoindre Maeva dans sa chambre, elle n'avait pas envie de se rendormir seule.

Sauf que le couloir n'allait pas être sans récifs. La lumière de la Lune, qui se reflétait sur les miroirs de ce dernier, n'était pas assez forte pour éclairer la totalité de son espace. Et Laetitia donna un coup de pied dans son vieux sac d'étudiante.

Ah ! Elle espérait ne pas avoir réveillé la maisonnée. Elle se pencha pour ramasser mon sac et le ranger de manière plus adéquate, un petit sourire en coin et les yeux embués de sommeil, mais souriants.

Bruissement dans les draps. Petit enlacement, un murmure. Hum, chaton, t'as fait un cauchemar ? Non, juste envie d'être avec toi. Oh, viens là, viens là. Avant de s'endormir, Laetitia laissa échapper un soupir de soulagement.

Au fait, une mésange bleue a redéposé mon EastPak à la maison dans la nuit. Maeva esquissa un sourire en se pressant contre elle. Ah, trois petits dejs demain matin, alors. Laetitia sourit, elle était bien, là, dans les bras de Maeva.

Un moment suspendu dans le temps.